Libérons le Paillon du béton

Lors du dernier conseil municipal de Nice, nous avons vécu un rare moment de vérité  quand Christian Estrosi  déclare, à propos de la destruction d’Acropolis:  « Le seul débat aujourd’hui, est un débat climatique. Acropolis serait un obstacle majeur en cas de pluviométrie comparable à la tempête Alex sur le Paillon et provoquerait une crue qui pourrait mettre en danger des populations». 

Il est dommage que le maire de Nice en reste là dans son raisonnement. Depuis la tempête Alex, et fort de l'expérience de tous les événements de type Cévenol qui frappent le sud de la France depuis plusieurs années, nous savons que le bassin méditerranéen devient une véritable marmite, selon l'expression du GIEC.  Avec le dérèglement climatique, toutes les références que nous pouvions avoir (crue centennale, crue millénaire…) ne correspondent plus à la réalité que nous connaissons et que nous allons connaître dans les années  à venir. 

Ce n'est pas qu'Acropolis qu'il faut détruire. Qui peut croire que pour une crue d’une ampleur de celle de la tempête Alex, le seul obstacle serait Acropolis? Tout ce qui a été construit sur le Paillon est un obstacle (Palais des Expos, Bibliothèque, lycée, MAMAC, coulée verte...), tout doit être déconstruit y compris les dalles qui couvrent le Paillon. Notons au passage  l’aberration qui consiste à déconstruire Acropolis pour planter ensuite 1500 arbres. Des arbres, dont l'enracinement est très faible, qui peuvent, lors d'une crue, se transformer en autant de béliers et détruire la ville en aval. 

Pour protéger la ville, il faudrait même aller plus loin et, par exemple,  rehausser l'endiguement du Paillon, ce qui d'un point de vue urbanistique n'est pas sans poser problème. Depuis le XIXè siècle, au fur et à mesure de l'urbanisation, nous avons oublié que la Paillon était là, allant même jusqu'à le couvrir pour gratter du «foncier» quasi gratuit.  Hier, nous pouvions prétendre que nous ne mesurions pas l’impact du dérèglement climatique. Nous pouvions invoquer la malchance, ou l'événement exceptionnel. 

Aujourd’hui nous le  savons. 

Nous savons que les évènements à venir seront au-delà de ce que nous pouvons imaginer aujourd’hui. Parce que nous le savons, si nous ne faisons rien, nous porterons demain une lourde responsabilité face aux catastrophes et leurs conséquences. 

Robert Injey

( Photo: crue du 17 novembre 1940)